samedi 14 février 2009

A.

Les Hôtels improbables sont devenus de véritables lieux de culte à mes yeux. "Intemporels et ésotériques" disait A. Depuis sa mort, M et moi avions pris l'habitude de réserver une chambre, une fois par mois. La découverte du lieu provoquait chez nous une sorte de jubilation inexplicable. Bien que parfois glauques, ces nuits étaient une sorte de pèlerinage. M prenait des photos de chacune de nos visites nocturnes. Elle me parlait de tout, de rien, de A; me faisait écouter des podcasts marginaux, et je n'émettais aucune opinion sur ses goûts de chiottes. J'enfumais la salle de bain, lorsque celle ci n'était pas sur le palier et je lui donnais la permission de se saouler et de m'embrasser, avec la langue, quelques fois.



C4.C307





Les Gaia d'Este à la main je montais quatre à quatre les marches de l'escalier. Labyrinthe interminable. Trois (cents six) étages plus tard, la moquette humide a étouffé le clac clac de nos escarpins. Les vendeuses de rêves ne dorment pas, elles passent la nuit. M regarde les tableaux qui tapissent les murs et détournent l'attention des rideaux jaunis. L'endroit est filmique, et nous osons à peine évoluer dans l'espace, de peur de froisser le décor. Les sacs restent clos, et les conversations aussi. Les vapeurs d'alcool se diluent lentement dans l'atmosphère, M ne parle plus.


Et pour la première fois, nous nous offrons à ces draps vierges. Loin du lit conjugal, céleste, de M et A; immergeant nos deux corps, frêles, pâles et sans hivers. Et je rêve que ces étoffes de cotons nous avalent, pour de bon.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Toujours aussi beau mais difficile à commenter